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Lingua Materna

Langue maternelle: entre racine symbolique, écriture et politique

La langue maternelle, c’est la langue que nous apprenons tous au cours de notre enfance, trasmise par  l’intermédiare de notre mère ou de ceux ou celles qui nous ont aimés. Nous l’apprenons donc dans un climat de confiance et cette même confiance, qui nous a conduits vers la langue, nous soutient dans les moments où nous risquons de la perdre. C’est la langue apprise dans la sphère de l’enfance, différente de tout autre langue nationale ou ethnique. En elle, les choses, les rêves, les perceptions du corps, les rapports aves les autres, le bien et le mal sont incrustés comme dans un tissu indivisible à travers  lequel notre mère nous a ouverts au monde et à sa première expérience.

La langue est le don qui nous est légué par notre mère en même temps que celui de la vie. C’est un don que nous recevons. Nous venons au monde et à la langue sous le signe de l’abondance puor ce don qui a été un véritable excès. Quelque chose en plus qui n’a été ni prévu, ni prévisible. Discontinu dans la répétition des faits de la réalité. Il est significatif que les idéologies dominantes ne reconnaissent pas cette discontinuité du don qui nous est fait. La symbolique la plus courante, en effet, interprète de manière interessée et absolument non innocente l’acte que notre mère a commis en nous mettant au monde et à la langue, comme un geste gratuit, indéfiniment répétitif, un fait parmi tant d’autres. Notre mère, en commettant cet acte, ne créerait aucune relation avec celui qui est né et qui s’ouvre au monde. En effectuant cet acte, elle se mettrait de côté car, selon la conception misogyne la plus courante, c’est le propre de l’acte maternel qu’elle agisse ainsi dans le sacrifice et l’effacement de soi. Ce serait un geste gratuit et instinctif, donc naturel, qui ne peut revendiquer aucune dignité dans la création d’un lien symbolique. Dans ce effacement gratuit de la mère, la nouvelle vie serait alors complètement vouée à la société. Elle ne porterait en elle aucun signe de relation avec sa mère. Dans cette perspective, tout individu viendrait au monde dans son unicité et libre de tou lien.

Le symbolisme dominant a tout intérêt à oublier le lien maternel, car l’individu libre de tout lien est celui sur lequel on peut construir rapidement une société sans tenir compte de ses bases. Pour l’idéologie de l’État, c’est seulement de cette manière que l’individu est prêt a  être modelé et façonné comme de la cire malléable en fonction des valeurs de la communauté historique qui varient dans les temps. Et c’est à l’école que reviendrait la tâche d’en faire un bon citoyen. Dans la perspective néolibérale, seul l’individu sans contrainte, serait complètement libre de vendre sa propre intelligence sur le marché du travail et de négocier ses propres intérêts au sein des représentations politiques. Ce n’est qu’au moment de l’apparition des sociétés de masse dans les années 30 du siècle dernier que les liens affectifs les plus profonds ont constitué une entrave à la dimension publique et au marché du travail, et ce n’est pas un hasard.

Les langages dominants ne sont pas exempts de toute responsabilité dans cet acte, mais ils ne s’en cachent pas. Ils occultent à eux-mêmes la vérité. Et la vérité, c’est que le don que nous avons reçu de notre mère, le don de la langue, n’est pas gratuit, en effet, celui-ci attend un geste de réponse et en ce sens il crée un lien. Il crée des relations profondes et radicales.. Dans le cadre des langages dominants, l’insertion de la langue maternelle au centre de la sphère symbolique est un acte politique, qui ouvre un espace de repères différent par rapport aux idéologies et aux stratégies politiques qui les accompagnent. Elle constitue la première racine : celle qui sonde, qui tient le gouvernail. Adopter la langue maternelle comme unité de mesure de l’agissement politique – avec sa simplicité, son caractère indivisible, son essence qui appelle à la naissance de la confiance – ne constitue pas seulement une troisième voie qui se placerait entre l’idéologie étatique et le néolibéralisme. C’est quelque chose de plus et de plus profond. En réalité, la langue maternelle nous indique des comportements linguistiques libres liés en même temps au don affectif, qui forment le terrain fertile à partir duquel toute action, qu’elle soit bureaucratique ou réglée par l’économie, trouve sa propre efficacité. En tout cas, les ressources dont nous disposons proviennent toujours de l’application de l’élasticité des relations que nous avons assimilées avec la langue maternelle. Elle constitue un degré plus profond et moins visible, qui rend possible aussi la capacité de celui qui s’en remet uniquement à l’État ou a marché. Pour obtenir résultats positifs dans ces deux domaines, il est nécessaire de mettre en appliction les relations que nous avons héritées de la langue maternelle.

Il n’est donc pas là question de goût ed de plaisir personnel dans le raisonner sur la position centrale de la langue maternelle, mais une question politique.

 

Le don de la langue a été un don d’ouverture. Marcel Mauss, en étudiant la dynamique du don, démontre qu’il y a toujours quelq’un à l’origine de ce mouvement crée par le don qui n’est précédé de rien et que rien ne laisse prévoir. Il s’agit là d’un acte déroutant, voire même excessif, qui se place en dehors de toute logique de calcul ou d’échange qui donne et reçoit uniquement pour équilibrer les choses. Dans les sociétés, objet de l’étude de M. Mauss, on a observé que celui qui ne répondait pas au don, en le faisant circuler, pouvait courrir de graves dangers qui marqueraient  profondément son existence.

Or, le don que notre mère, ou toute autre personne, nous a fait en nous initiant à la langue a été un don d’ouverture, un geste qui n’a été précédé de rien, discontinu et inexplicable selon une rationnalité mécanique. A travers ce gest, l’on donne naissance à un mouvement marqué par l’abondance, qui commence avec quelque chose en plus. Dans la fable de la Belle au bois dormant, on se réfère aux dons donnés à la naissance de l’enfant : le fées, qui sont invitées à la fête pour la naissance de la principesse, apportent chacune un don pour l’enfant. Je dirais ici que la confiance dans la langue est l’un de ces dons.

Il est donc dangereux de ne pas faire circuler le don de la langue, de ne pas relancer le don de la parole reçue. L’invitation à répondre de manière disproportionnée à ce qui a été reçu est un thème que l’on retrouve dans de nombreux textes religieux. Rappelons ici la parabole des talents, dans laquelle le maître donne à chacun de ses serviteurs une somme différente de talents. A son retour de voyage, le maître punit ceux qui ont caché leurs talents, pour les préserver, au lieu de les faire fructifier en les faisant circuler. Il ne serait pas exact d’affirmer que, si on ne relance pas le don de la langue, tout reste identique et en équilibre. Ne pas répondre avec abondance crée une destruction de plusieurs manières. Il arrive en effet que sur le plan personnel l’on ressente un sens d’étouffement et de mécontentement car les mots que nous prononçons nous semblent étranger, indistincts, sans aucune résonance avec nos sentiments les plus profonds. Pire encore, sur le plan de la vie sociale l’on perçoit un sentiment d’insatisfaction, qui voile tout événement, tout acte politique avec une barrière opaque, alors que les choses tout autour de nous semblent s’éteindre à cause de l’appauvrissement de notre langue.

 

Ce sont surtout les femmes écrivains – les poètes, les romancières -, qui ont une sensibilité particulière à l’égard de la langue. Elles ne se limitent pas à dénoncer l’appauvrissement de la langue, mais elles font du renouvellement du don de la langue maternelle, le sens même de leur vie.

Il en est tout autrement pour les écrivains : certes, ils aiment la langue, mais ce sentiment est accompagné en même temps d’une nostalgie pour quelque chose d’irrémédiablement absent.

Je pense que ce lien avec le mot et la réalité, sans aucune nostalgie pour l’absent, dépend du fait que les femmes ressentent plus que les hommes, la continuité avec leur mère. Bien évidemment, avec tout ce que cela comporte sur le plan psychologique en matière d’excès en amour et en hostilité. Mais c’est justement pour cette raison qu’elles sont plus sensibles au don de la langue. Les femmes écrivains, plus que tout les autres, ressentent le plaisir de la langue et de la gratitude pour celle-ci, et plus tout les autres, elles ont créé à leur tour une richesse de la parole, sans jamais équilibrer la disproportion qui en a donné naissance. Citons ici, à titre d’exemple, Emily Dickinson dans sa poésie : « Certains disent que la parole meurt lorqu’elle est prononcée. Moi je dis plutôt que c’est ce jourlà qu’elle commence à vivre ». Il n’y a pas que les femmes écrivains : j’ai recontré quelquefois des femmes d’origine modeste, avec un amour pour la langue qui rendait leur discours riche, expressif, exact, une véritable création. Dans leur manière de parler, la langue maternelle semblait jaillir comme une source.

La langue maternelle, tout en étant affective, non séparable donc des émotions et des sentiments, n’est pas pour autant seulement intime. Nos mères en effet nous ont enseigné une langue partagée, comprise et parlée par un nombre plus ou moins grand de personnes. Certes, ce n’est pas un dialecte générique qui n’existe pas, ni un français standard qui est une abstraction, mais une langue vivante qui est comprise par un grand nombre de  personnes. Elle est donc intime et partagée. Plus elle sert de lien entre une subjectivité intérieure et la participation à la communauté des parlants, plus elle est créative, plus elle constitue – pourrait-on affirmer – , un jeu symbolique.

Je m’arrête un istant sur ce concept de jeu symbolique car c’est une manière de ne pas réduire la langue maternelle uniquement à une dimension affective et émotionnelle mais pour en déceler sa capacité créative et inventive. Ronald Winicott a parlé de jeu symbolique dans Jeu et réalité. Pour lui, le jeu se situe dans cet espace qui se crée au moment où l’enfant commence à se séparer de sa mère, en faisant l’expérience d’une solitude dans laquelle il joue avec des choses qui sont des symboles : une échelle et une couverture peuvent alors devenir une petite maison.

Une feuille de papier pliée, un avion. Cet espace de jeu constitue des mondes qui ne son pas seulement subjectifs. La première expérience d’une solitude créative de ce genre ne rompt pas la relation avec la mère, qui est la garante du bien-être de son enfant, à distance. Le monde que l’enfant crée dans le jeu est symbolique. En effet, il ne peut être interprété uniquement comme une fantaisie de l’enfant, car il implique une manipulation et l’adoption de matériaux qui sont mis à sa disposition. Mais  ce jeu n’est pas simplement objectif, car les enfants transforment en jouant l’utilisation établie et partagée des objets : une boîte devient une barque. Désormais, la langue, dans tous ces aspects créatifs, bénéficie de tout se qui advient dans cet espace. C’est Winicott lui-même qui l’affirme lorsqu’il soutient que la culture dans son ensemble, et en particulier dans ses expressions artistiques, littéraires, philosophiques et religieuses, est un jeu symbolique.

Elle crée des symboles à partir des matériaux linguistiques qui sont mis à sa disposition. Elle créeun monde pour lequel ilest erroné de se demander s’il est réel ou imaginaire, un jeu issu de l’imagination ou de la construction d’objets durables. Winicott le dit expressément : le paradoxe de la réalité ou de l’irréalité des objets symbolique du jeu ne se résout pas dans une direction ni dans l’autre. Une poésie que nous aimons, une musique que nous écoutons intensémen : où sont-elles etoù sommes-nous lorsque nous lisons et que nous écoutons ? C’est une question qui est mal formulée, qui tente de réduire le discours à une ènumération de faits.

C’est bien parce qu’il y a des discours, qui ne se rapportent ni aux faits, ni même à l’irréalité, que nous pouvons parler du symbole de la croix et du sens de la mort et de la résurection du Christ même si nous ne croyons pas que Christ ait été un homme/Dieu. Le symbole de la croix reste, quoi qu’il en soit, un symbole qui mesure l’existence humaine.

En fait, il n’est pas significatif que le Christ ait été ou non le fils de Dieu et que sa crucifixion ait été ou non historiquement dans le projet de la rèdemption ; en revanche, il est important de considérer, si la croix, en tant que rédemption, est devenue ou non l’orientation de nos vies et de vies de ceux qui nous sont proches. Winicott, dans le Jeu et réalité, adopte, pour parler de l’espace symbolique de la création linguistique, un mot très fort : sacré. Il ècrit :« l’espace potentiel entre l’enfant et sa mère, entre l’individu et la société ou le monde, dépend de l’expérience qui est fondée sur la confiance. On peut considérer cet espace comme sacré pour l’individu dans la mesure où c’est ici que celui-ci expérimente sa vie créative ». Ce qui est sacré, encore une fois, n’est ni seulement intime, ni seulement extérieur. Il n’explique pas  mieux ce terme, et on peut en comprendre le sens, beaucoup plus à travers les exemples qu’il en donne plutôt qu’à partir d’une définition. Alors, la langue maternelle est sacrée dans sa dimension créative. C’est l’einseignement que nous pouvons tirer de Winicott : la langue maternelle dans la création de simboles en littérature, en art, en philosophie et en religion développe ce premier lien avec la mère, qui représente une tierce entité entre l’intérieur et l’extérieur, sacrée et symbolique en même temps.

La langue maternelle est indivisible. Qu’est-ce que cela signifie ? C’est un tissu simple dans lequel tout est possible : des mots d’amour, de conflit,de transaction, de négociation, de jugement. Tout comme lorsque j’étais enfant, la langue que j’apprenais était un monde, plutôt que tant savoirs explicites sur le monde. Dans la Splendeur d’avoir un langage, Luisa Muraro affirme qu’au moment où nous nous apecevons de l’abus de la langue, son utilisation simple et indivisible est déjà irrémédiablement perdue. Et, en effet, les langages spécifiques, chargés de savoirs, ont perdue leur capacité de dialoguer entre eux, sont pour la plupart peu esthétique, ont perdu le goût et le sens de la vie.

Il n’est donc pas vrai, contrairement à ce que l’on pourrait penser en réalité, que la langue maternelle, dans sa simple indivisibilité, soit celle que nous adoptons danstous les cas et avec constance. Bien qu’elle soit effectivement toujours à notre disposition, nous la perdons. Nous la perdons surtout face au povoir de fascinetion exercé par les langues de spécialité : les langues de la science dans ses applications technologiques, du marketing, de l’économie, de la politique comme technique et ainsi de suite…..

S’agit-il d’une perte irrémédiable ? Qu’est-ce que cela signifie être fidèle à la langue maternelle ? Le fait-on de manière intentionnelle, par un acte volontaire ? Bien sûr que non : cela se passe d’une manière indirecte, oblique. A travers la pratique des expériences.

Dans les Trames de l’enfance, Christa Wolf pense aux rêves comme une voie pour accéder au langage de l’enfance. Virginia Woolf affirme la validité de rédiger un journal pour fluidifier la langue, la rendre libre et sensuelle. Je pense ici à la manière dont Simone Weil décrivait un processus dans lequel, plus les mots deviennent symboliques, plus ils se révèlent sensuels et concrets. La question reste ouverte………

 

 

La  langue maternelle a connu au sein de l’histoire de l ?europe des périodes au cors desquelles elle figurait au centre du discours commun. Je pense, par exemple, au moment où la force de la langue vulgaire de Dante a été reconnue. Je ne pense pas en particulier à la naissance des langues vulgaires à partir du latin, mais plutôt aux debats qu’elles ont suscités sur leur prétendue nécessité à exprimer ce qui est essentiel : c’est à ce moment-là qu’elles ont reçu une valeur symbolique parce qu’elles étaient la langue de tous et pas seulement des intellectuels. En Italie, nous en avons un bon exemple. Je me réfère à Dante, qui rédigea sa Divina Commedia en langue vulgaire.

« La langue de la nourrice », c’est ainsi qu’il la définie, en se rapportant à la langue des femmes et des enfants. Il y voit une continuité entre l’italien qu’il adopte et la langue de la nourrice, en montrant à quel point celle-ci est la source. Dans De vulgari eloquentia, il décrit la langue maternelle comme une langue qui s’apprend par affection, sans  règle, alors que le latin est une langue seconde, grammaticale, parlée uniquement par les intellectuels. La langue maternelle est la seule, écrit-il, avec laquelle on peut parler d’amour. Et le thème de l’amour était bien présent dans la poésie provençale, et elle faisat donc partie de la toile de fond culturelle à laquelle lui-même, avec son dolce stil novo, se référait, mais l’argumentation qu’il fornuit n’est ni savante, ni théorique, ni doctrinale. En effet, Dante affirme : « la langue maternelle est celle avec laquelle on peut parler d’amour aux femmes dans la poésie ».

 

J’apporte un autre exemple. En France, les Précieuses – les dames du dixseptième siècle de la période de Louis XIII (treize) et de Louis XIV (quatorze) – ont su renouveler la langue française non pas à partir d’un purisme académique, mais par le plaisir de parler une belle langue dans leurs conversations de salon. Benedetta Craveri le souligne dans l’Art de la conversation. La fin du seizième siècle marque une décadence des moeurs et la langue française se corrompt. Une reinassance de la langue ne pouvait avoir de succès qu’à travers une étude philologique de textes écrits dans le passé qui, dans un certain sens, étaient déjà morts. L’institution des académies tenta ce type de renouvellement, mais sans succès.

 

Les dames du XVIIè siècle réussirent à faire revivre une langue française belle et fluide à travers le plaisir de la langue orale, qui se liait, certes au passé, mais d’une manière vivante, qui provient du fait de l’avoir apprise par la nourrice. La vivacité de la langue dérivait aussi du fait qu’elle était le fruit d’un échange mobile et fluide dans les conversations, pleines de brio et d’intelligence, que les Précieuses savaient conduire. Ce n’est pas un hasard si Madame de Sévigné et Madame de La Fayette se sont formées au goût de la langue orale dans les salons des Précieuses. La Principesse de Clèves de Madame de La Fayette est un exemple de ce que j’ai voulu dire au début de cette conférence à propos du geste de relance du don de la langue maternelle, une relance du don qui crée une richesse symbolique. La langue de la Principesse de Clèves est à la fois précise et nuancée, selon la recherche de la langue qui était le propre des Précieuses, et que seule elle-même et quelques autres savaient reproduire au mieux dans les textes. Des écrits qui étaient des textes crées à partir de conversations avec les autres.

Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une nouvelle période cruciale et je dirais que la langue maternelle est un noeud politique et anthropologique, à partir duquel on peut interpréter ce que nous sommes en train de vivre.

De grandes concentrations économiques et administartives sont en train de se former rapidement, alors que les identités nationales se sont fragmentées en de multiples identités fragiles. Ce double mouvementde la réalité, qui se situe entre les grandes concentrations et les fragmentations toujours plus réduites, est parcouru par des migrations horizontales de travailleurs, d’individus quelconques, d’entières populations. Il y a une contamination entre des zones qui étaient auparavant nettement divisées.

 

Dans ce nouveau contexte, le thème de la langue maternelle prend de plus en plus d’importance. Face à cette situation très fluctuante, la réponse des États a été de préserver les minorités linguistiques et le caractère multiculturel est entendu comme la défense des droits des zones linguistiques les plus faibles. C’est une réponse qui dans les faits crée des divisions. En revanche, l’utilisation par chacun de sa propre langue maternelle, pour se tourner vers les autres et accueillir d’autres langues dans une sorte de contamination liée à des relations affectives entre les individus, est un parcours qui valorise à la fois les racines de la langue maternelle et l’ouverture aux autres langues.

 

Tout ceci est confié aux relations individuelles de femmes et d’hommes et non au droit, qui finit par créer des barrières et à rendre identiques, pour les séparer des autres, des zones linguistiques qui portent en elles des nuances très marquées.

 

De nouvelles langues naissent et autres disparaissent. C’est un fait. Une langue dure dans le temps tant qu’une mère la ressent comme une valeur et désire la transmettre à ses enfants, comme un don précieux, non pas comme une contrainte. Et cette langue vivra tant que quelqu’un relancera ce don dans des textes où l’amour pour la langue crée un tissu symbolique nouveau.