diotimacomunità filosofica femminile

per amore del mondo Numero 9 - 2010

Altri mondi al mondo

Dieu Parmi Nous

DIEU PARMI NOUS

Trois textes

Kinshasa 2008

 

 

Table de Matières

Avant- propos

Agir de la plénitude. Ethique postpatriarcale dans la tradition biblique

Chères jeunes Congolaises et chers jeunes Congolais

Nzambe azali bolingo : DIEU parmi nous

Bibliographie

 

 

Avant-propos

 

Je suis venue à Kinshasa pour comprendre le monde d’un autre côté : ce monde du vingt et unième siècle qui est habité par six et demi milliards de femmes et d’hommes – en générations successives – et d’innombrables autres êtres vivants. Jusqu’il y a deux mois – nous sommes en avril 2008 au moment où j’écris ce texte – j’ai vécu en Europe centrale, en Allemagne d’abord, puis en Suisse. Bien que j’aie visité plusieurs parties du monde en voyageant, je suis bien enracinée dans la culture européenne. Mais comme toutes les autres cette culture occidentale n’était jamais stable ou figée. Justement à notre époque de mondialisation on sent bien comme elle se mélange de plus en plus avec d’autres cultures.  Pour mieux comprendre ce processus inquiétant et fascinant en même temps je me suis rendue en Afrique.

 

Comme femme pensante, bien entendu, je ne me trouve pas au milieu de la culture occidentale patriarcale, mais dans une position excentrique. Car, en se formant soi même comme centre du monde il y a plusieurs siècles, l’homme adulte blanc a poussé « la femme » – comme « l’enfant », « l’homme noir », « la femme noire » et beaucoup d’autres de ses co-créatures – vers la périphérie de son univers imaginé. Heureusement cet univers construit, dans lequel les un(e)s sont obligé(e)s de servir les autres, n’est pas l’univers réel. L’univers réel que nous habitons est beaucoup plus grand : si grand qu’on ne pourra jamais le saisir entièrement. (C’est DIEU seule qui le peut.) Mais ce que nous, les femmes et hommes pensant(e)s pouvons et devons faire aujourd’hui, c’est : mettre en question, déconstruire l’univers patriarcal et, plus important, repenser d’une manière plus juste et aimable l’espace vital que nous partageons, nous les femmes et hommes et enfants et vieillards, les folles et les intelligentes et les médiocres, les êtres humains d’innombrables couleurs. Voilà mon projet : je veux penser le monde entier d’une manière postpatriarcale, pour une fois en Afrique que je ne connais presque pas mais que j’ai déjà commencé à aimer.

 

J’ai écrit ces textes à Limete pendant la saison de pluies de l’année 2008. Je les ai écrits en français. Le français n’est pas ma langue maternelle. Dans le pays de mon origine, l’Allemagne, je l’ai appris pendant cinq années au lycée. A l’époque, j’étais déjà adolescente. Est-il possible, est-ce que cela fait du sens d’écrire des textes dans une langue qu’on ne possède ni maîtrise ?

C’est un risque : une aventure comme chaque voyage à l’étranger. Mon modèle qui m’encourage, c’est Dragica Rajcic, une écrivaine d’origine croate qui vit en Suisse.[1] Elle écrit des poèmes en allemand personnel :   l’allemand incorrect d’une immigrée. Ce sont des poèmes beaux et émouvants qui m’ont appris qu’on peut bien transmettre des pensées, des désirs, des émotions dans une langue qu’on ne maîtrise pas tel que les professeurs le demandent. – Des millions de gens dans notre monde  postmoderne postcolonial postpatriarcal ne peuvent pas échapper à ce défi que je prends sur moi de mon gré et que Dragica Rajcic a déjà transformé en œuvre d’art. Les réfugiées, les gens déplacés, les ouvrières immigrées et aussi les femmes qui sortent de l’ordre patriarcale sont capables de parler et écrire même si elles savent bien que le professeur serait obligé de corriger leurs phrases avec son crayon rouge. Aussi ici à Kinshasa il y a beaucoup de gens qui ne parlent pas le français selon les règles de l’Académie. Tout de même on ne se comprend pas moins que les experts du français parfait. Ce n’est pas un examen de français que je veux passer avec ces textes. Ce sont des pensées, des expériences, des souhaits, des traces d’un nouvel ordre symbolique que je veux transmettre. Moi, la théologienne allemande-suisse qui est venue en Afrique Centrale pour la première fois de sa vie à l’âge de cinquante-et-un ans.

 

Avec le premier texte je me présente à vous, mes lectrices et lecteurs africain(e)s. En récapitulant ma carrière jusqu’aujourd’hui je veux mieux faire comprendre pourquoi j’ai commencé à penser d’une manière postpatriarcale, et je veux expliquer ce que cela veut dire. Dans le deuxième texte je raconte des expériences que j’ai faites ici à Kinshasa, et j’essaie d’en tirer quelques conclusions à discuter. Le troisième texte est une prédication. J’y explique ce qui DIEU est pour moi et pourquoi la dimension religieuse, repensée d’une manière postpatriarcale, est importante pour l’avenir du monde.

 

Je dis un grand merci à Madame Heidi Kabangu-Stahel, fondatrice du Centre d’Enseignement « Mboloko – Les Gazelles » à Yolo-Nord. Ayant lu mon livre « Handeln aus der Fülle »[2] elle m’a invitée de venir à Kinshasa pour partager mes pensées avec des gens d’ici, et elle m’a hébergée dans sa maison à Limete. Je remercie de tout mon cœur les enseignantes, les enseignants et les élèves des « Gazelles » pour m’avoir accueillie volontiers dans un esprit de curiosité et de franchise. Je dis merci à mon mari Hans Jörg Fehle qui m’a accompagnée pendant la première moitié de mon séjour, et à ma fille Pia qui a osé pour la première fois de sa vie d’habiter pendant deux mois notre maison commune à Wattwil sans ses parents. Merci à Eva, Lena, Sabrina, Veronika et beaucoup d’autres qui ont veillée sur cette maison. Merci à ma mère qui a célébré son nonante-deuxième anniversaire pendant mon absence et qui m’a quand même laissée partir. Merci à ma sœur Eva et sa famille. Merci de plus à toutes et tous que j’ai rencontré(e)s et avec qui j’ai partagée ma vie et ma pensée d’une manière ou d’autre : le père André, Angelle, Angelle, Arthur et sa choral, Baylon Kabunda et sa famille, Béa, Bestine Kazadi, Boyj Abel, Brigitte, Elfriede, Els, Espérance, George, Givien, Hélène, Julie, Kasende, le professeur Malanda, Maria, Matthias, Mukuna et la choral Tshiluba, Irene, Jérôme, Josephine, Karolin, Mayele, Melania, Monika, Nelly et sa famille, Odet, Robert, Sandro, Sonja, Tshanda, le pasteur Tshimungu, Verena Hodel … et beaucoup d’autres dont les noms j’ignore.

La reconnaissance se transforme en foi, espérance et amour : soli Deo Gloria.

 

Agir de la plénitude

Ethique postpatriarcale dans la tradition biblique[3]

 

Nous, les êtres humains, femmes et hommes, nous sommes capables d’agir. Bien que personne n’ait déterminé le lieu et le moment de sa naissance, dès ce moment nous avons commencé de nous mêler des affaires humaines. Ma mère m’a mis au monde le 17 mars 1956 à Karlsruhe au sud-ouest de l’Allemagne. Si l’on le sait ou pas : une telle date précis d’entrée existe pour chacune et chacun de nous. C’est le début de la vie active d’une personne unique. Si je le souhaite ou pas : j’ai dès lors commencé à influencer les vies des autres, de mes parents, ma sœur, mon clan, mes voisines et voisins, mon ambiance naturel et culturel. Parce que mes prochaines et prochains agissent de leur part, les traces de mes actions se perdent dans l’infini.[4]

 

Est-ce que je suis libre dans mes actions et dans mes décisions ? Pas dans toute la force du terme traditionnel de la « liberté ». Ma tête n’est pas, comme le patriarcat occidental m’a appris, la passerelle de commandement de ma vie. Mais je suis libre en dépendance, libre en relations.[5] Malgré toutes les influences incontestables et souvent inconscientes c’est quand même moi aussi qui ai décidé de devenir théologienne, de penser d’une manière nouvelle sur la bonne vie pour toutes et tous, d’écrire des livres, de venir au Congo.

 

Qui serais-je si j’étais née au Congo ? – C’est une des innombrables questions à laquelle on ne pourra jamais répondre. C’est quand même une bonne question, parce qu’elle me rend modeste, c’est-à-dire religieuse : c’est UNE AUTRE qui a décidé que je suis qui je suis. C’est  le mystère que j’appelle DIEU. DIEU, la quintessence incompréhensible du réseau qui nous lie les unes aux autres.

 

Une démarche biographique

 

Je veux bien vous faire comprendre ma pensée postpatriarcale.

Si l’on veut comprendre pourquoi une personne pense d’une certaine manière – et pas d’une autre – il est utile de connaître un peu la vie de cette personne. Je vais donc raconter d’abord quelques stations de ma biographie pour faire comprendre pourquoi, en 2004 et 2005, j’ai enfin écrit mon cinquième livre avec le titre qu’on pourrait traduire en français comme « Agir de la plénitude. Ethique postpatriarcale dans la tradition biblique ». Après cela je vais résumer les pensées centrales du livre.

 

Je suis née comme fille de deux artistes. Ma mère qui a maintenant nonante-deux ans était musicienne : pianiste et professeure au conservatoire de Stuttgart en Allemagne. Mon père, lui, était architecte.

Ma mère, donc, était ce qu’on appelle une « femme émancipée ». Elle était, à l’époque, bien connue, surtout par des émissions de la radio. Donc, j’étais la « fille d’une mère fameuse » tandis que mon père était plutôt individualiste, se tenait en arrière-plan au public. – Cependant ma mère n’était jamais féministe. Elle croyait que le genre d’une personne soit sans importance pour sa biographie. Le message que j’ai reçu de ma mère était : « D’abord il faut être douée, puis il faut être appliquée et travailler durement, alors on aura du succès. » – Moi, pendant mon enfance et mon adolescence, j’ai accepté cette attitude. Donc, j’étais appliquée, je suis devenue une bonne élève bien adaptée aux demandes du lycée humaniste que j’ai terminé en 1975. Je ne me souviens d’aucun désavantage personnel à cause du fait que j’étais femme.

 

Le réveil politique

 

Plus tard, au début de mes études de lettres en allemand et anglais je me suis « politisée ». C’étaient les années après la révolte des étudiants de 1968, et c’étaient surtout les années de la révolte des femmes contre les hommes trop dominants – bourgeois et de gauche. Je me souviens de forts et longs débats, souvent nocturnes, sur la question si « être femme » était un état politique. On lisait les livres des grandes écrivaines féministes, de Simone de Beauvoir, Mary Daly, Luce Irigaray et beaucoup d’autres. Après tout cela ce n’était simplement plus possible de contester le fait que nous les femmes étions discriminées aux niveaux divers. Nous découvrions tous ces faits incontestables mais souvent cachés derrière des discours patriarcales ou – pire – pseudo-neutres : la violence contre femmes et jeunes filles, surtout en familles, l’exploitation  du travail gratuit des femmes au foyer et des mères, la discrimination symbolique du féminin surtout par le fait que « Dieu », l’essence de tout, ait été formé comme concept exclusivement mâle, comme « un homme là-haut », la dépréciation des valeurs soi-disant « féminines » comme la sollicitude, l’amour, la patience, la persévérance… Enfin cela  devenait simplement une question d’honnêteté intellectuelle d’abandonner le neutralisme de ma mère et d’accepter le fait qu’il fallait un ordre social et symbolique renouvelé à fond. Voilà mon projet de vie était né.

 

Penser politiquement, ça veut dire : penser le monde entier et penser sa propre vie comme partie du monde entier. Je me suis rendu compte qu’il ne suffit pas de s’aimer soi-même, d’aimer son mari, sa famille ou son pays. Si nous voulons construire un meilleur monde il faut aimer le monde comme tel, avec toutes ses beautés et ses effrois. Une forte représentation de cet «entier » que j’avais décidé de comprendre, c’est le mot « Dieu ». Voilà une des raisons qui m’ont emmené aux études de théologie et surtout de l’éthique, c’est-à-dire des questions de la vie concrète d’ici et maintenant. J’avais décidé de réfléchir sur la question comment les six et demi milliards d’êtres humains, hommes et femmes, qui habitent la terre en générations successives peuvent vivre ensemble en paix – au-delà de l’ordre patriarcal. Aristote « le philosophe » a défini l’éthique comme « la pensée sur la bonne vie ». Alors,  c’était précisément là mon endroit.

J’ai pris  comme point de départ le fait que jusqu’ici ce n’étaient presque que des hommes qui avaient posé les questions importantes en public. Le résultat de cette exclusion des femmes, on l’avait déjà analysé, n’était apparemment pas la bonne vie, mais, au contraire, un malaise multiple globale : faim, guerre, pollution, violence, injustice…

 

La recherche critique

 

Le prochain pas de ma démarche c’était mon doctorat en théologie.[6] C’était une question simple que j’ai mis au centre de cette recherche : « Que pensent les théologiens s’ils disent ‘Mensch ‘/’homme’/’être humain’ ? » Voilà le résultat : Au moins dans les manuels de langue allemande que j’ai analysés ces notions se réfèrent presque toujours aux conditions spécifiques des vies typiquement masculines : des pères, des soldats, des hommes professionnels. Cette tendance inconsciente  – ce que les Anglo-saxonnes appellent « malestream » – avait causé de fortes déformations dans l’ordre symbolique et social du monde. Voilà trois exemples :

Premièrement : L’être humain dans les philosophies et théologies occidentales est formé surtout comme un être mortel, donc limité. Le fait que tous les êtres humains, hommes et femmes, sont né(e)s par des femmes n’apparaît presque pas dans l’histoire de la pensée occidentale. Cela a pour conséquence que la pluralité des êtres humains, donc le fait que tout(e) nouveau-né(e) est  unique, « une surprise » avec des possibilités toutes inconnues, est fortement sous-estimé. On pense « l’homme » comme s’il était un seul – et pas des milliards. En excluant la naissance, le début réel de toutes et tous, on a simplement oublié de penser d’abord la plénitude et la nourriture qui accompagnent chaque vie dès le début, puis les différences, c’est-à-dire l’infinité de possibles relations, et la conflictualité comme élément nécessaire et bon de la condition humaine, qu’il ne faut pas fuir, mais cultiver.

Deuxièmement : L’ignorance de la différence (des genres) a causé ce que Luce Irigaray appelle « la logique phallocrate du même ».[7] Au lieu de penser des relations vivantes – l’« Inter-Esse »[8] – comme liens  primaires entre les humains on s’est concentré sur la conception de « la loi » – d’un principe abstrait, d’une rationalité unique – comme centre du monde et principe régulatif. Ainsi le légalisme a pris une position trop centrale dans la conception de l’éthique et de la vie. (La réflexion de ce point est très intéressante pour le dialogue postcoloniale africain-européen, parce que les sociétés  traditionelles africaines semblent être des sociétés basées sur des relations plutôt que sur des lois abstraites, un fait qui explique beaucoup de conflits postcoloniaux et qui pourraient peut-être, eux aussi, être résolus par l’invention d’une éthique postpatriarcale de la « liberté en relation ».[9])

Troisièmement : En construisant une hiérarchie des genres, en même temps attribuant certaines qualités aux hommes et d’autres aux femmes, on a partagé le monde entier en deux: en haut, dans la sphère « plus élevée » masculine se trouvent la civilisation, l’esprit, la loi, la dominance, « la lumière » comme symbole de la raison éclairée et Dieu même, plus tard : la couleur blanche, l’Occident comme siège du progrès, l’argent, la science, le marché… Là-dessous une sphère « féminine » subordonnée représente tout ce que l’homme bourgeois blanc ne veut pas être ou voir : la dépendance, la nature, les émotions, la nuit, la corporalité, le péché, plus tard : la couleur noire, l’Orient comme lieu de « l’irrationnel », l’amour, la croyance, le ménage…  C’est cette bipartition systématique du monde qui a pour conséquence que « la femme » et « le noir », « la nature » et « les émotions » etc. sont poussé(e)s vers le bord de l’ordre symbolique dominant.

 

Pendant et après l’époque du travail sur mon doctorat j’ai fait d’innombrables présentations et textes remplis d’expériences mentales à partir de la critique de l’ordre bipartite du patriarcat.  Trois collections d’essais sur des thèmes divers – la bioéthique, l’économie, l’écologie, les relations sexuelles et familiales, le droit, la spiritualité etc. – sont sorties de cette époque de ma vie.[10]

 

La créativité postpatriarcale dans la tradition biblique

 

Entre-temps j’avais quitté l’université, qui me semblait un endroit trop étroit pour la pensée postpatriarcale, et je m’étais installée avec mon mari – et plus tard notre fille – dans un petit village dans les Préalpes Suisses comme libre écrivaine et «  femme au foyer pensante ». En avançant vers mon cinquantième anniversaire j’ai un jour décidé que le temps était venu pour abandonner résolument l’attitude surtout critique en faveur de la pensée créative. Donc j’ai écrit ce cinquième livre : « Agir de la plénitude. Ethique postpatriarcale dans la tradition biblique »[11] qui contient une nouvelle manière de penser la vie et les actions des hommes et des femmes, au-delà de l’idée que la loi, la masculinité, un Dieu encadré dans le rôle du père législateur, l’obédience, une raison détachée de la vie réelle etc. soient des sphères « plus élevées » qui contrôlent le monde.

 

C’est quoi alors qui est situé au centre après la fin de l’ordre bipartite ?

C’est cela : la naissance, la surprise, le changement continu, la pluralité, l’amour du monde, la prophétie comme interprétation vivante libre-amante de la tradition, DIEU PARMI NOUS,[12] la créativité. La vie n’est plus la répétition ou la restauration continue d’une hiérarchie fixe éternelle, mais un fleuve vivant plein de mouvements surprenants dont la source et l’embouchure sont cachées en DIEU, QUI EST BON (Mc 10, 18b). Chaque jour est entièrement nouveau et surprenant, comme chaque enfant est un original jamais vu. Chaque action est une œuvre d’art, sort de la créativité humaine. Bien sûr il y a les traditions : les règles, les maximes, les vertus, les histoires des ancêtres, les dix commandements (« La Tora »). J’imagine tout ça comme lettres que mes ancêtres m’ont écrites. Des lettres ne sont pas des règles figées pour l’éternité qui exigent une obédience aveugle, plutôt ces messages du passé provoquent la joie, la reconnaissance et la volonté de construire une bonne vie profitant des expériences précieuses des ancêtres tout en liberté. C’est cela « l’amour de la Tora » dans le Judaïsme. Je m’imagine la tradition comme les bords fleurissants de ce fleuve qui est la vie même, ou comme une armoire dont nous pouvons sortir des conseils utiles quand nous en avons besoin. L’armoire n’est normalement pas située au milieu d’une chambre. C’est le patriarcat qui l’a posé au centre du salon. C’est nous, la génération postpatriarcale, qui remettons l’armoire lourde de sagesse en place.

 

Au milieu du salon, c’est quoi maintenant? C’est la table autour de laquelle les six et demi milliards de gens qui habitent le monde en générations successives se rassemblent, se nourrissent, rient et chantent ensemble, se disputent, se reconnaissent comme êtres vivants, natifs, nécessiteux, différents, mortels. Au milieu, donc, se trouve la créativité qui se nourrit de la plénitude. La plénitude, c’est tout ce qui a formé le monde avant ma naissance et le forme toujours : le sein de ma mère, l’univers, la nature, la société humaine, les traditions, la Tora, le Christ. Tout cela est la nourriture que j’accepte en gratitude critique et qui me rend capable, à mon tour, de nourrir le monde avec les œuvres d’art de ma vie quotidienne.

C’est cette vérité, au fond, que nous pouvons trouver dans la bible qui dit que Dieu est JE SUIS LA POUR VOUS (Ex 3,14) et AMOUR (1 Jean 4,8). Voilà enfin la raison pourquoi mon livre s’appelle « Ethique postpatriarcale dans la tradition biblique ».  DIEU n’est plus « un homme là-haut ». DIEU est redevenu cette FORCE EN RELATION[13] qui nous lie les un(e)s aux autres autour du monde entier : les femmes et hommes et enfants qui habitent en générations successives la planète verte pleine de richesse à partager.

 

C’est donc possible et c’est la volonté de DIEU que nous devenons des collaboratrices et des collaborateurs dans l’œuvre d’art de la création, c’est-à-dire d’un beau monde dans lequel toutes et tous peuvent vivre en paix. C’est déjà nous les femmes qui donnons et parfois épuisons nos énergies pour la bonne vie chaque jour. Aujourd’hui enfin, à l’époque postpatriarcale, il faut définitivement devenir des femmes pensantes : des femmes qui ne se laissent plus dominer par leurs pères, leurs frères, leurs maris, des traditions immobiles et un ordre symbolique bipartite, mais qui réfléchissent elles-mêmes comment cette bonne vie pour six et demi milliards d’êtres humains peut être née dans nos vies de tous les jours. Pour agir de cette manière il ne faut pas obtenir de diplômes universitaires. Il suffit d’être vivantes et capables de penser à partir de soi-même et enfin oser dire à haute voix ce qu’on a peut-être déjà pensé il y a longtemps…

 

 

 

 

Chères jeunes Congolaises et Congolais,

 

Que vous êtes nombreuses et nombreux ! – Quand je me promène dans les rues de Kinshasa, je vois  blanc et bleu. Ce sont vos uniformes scolaires, c’est vous, les jeunes Congolaises et Congolais qui allez à ou venez de l’école. Combien d’écoles, pleines de jeunes gens ! Chez nous, en Europe, on a commencé à fermer des écoles parce qu’il n y a plus assez d’élèves.

Allez donc à l’école, mais n’apprenez pas de choses inutiles ! Comprenez comment ce monde fonctionne et apprenez surtout à l’aimer. Oui : aimer ce monde que nous habitons ensembles, avec toute sa beauté, avec ses contradictions, ses misères, ses richesses, ses possibilités, ce monde qui pourrait un jour devenir un paradis pas seulement pour quelques élu(e)s, mais pour nous toutes et tous.  Aimer le monde veut dire : être passionnée par l’idée même que d’innombrables êtres vivants différents pourraient vivre ensemble en  paix  sur cette  planète verte qui s’appelle « La terre »  et qui est le seul  espace vital à notre disposition. Aimer le monde et aimer DIEU, c’est au fond la même chose, et c’est la condition préalable  pour une  libre créativité des hommes et des femmes inventant  leur avenir commun. Mais c’est une capacité qui ne va pas de soi. Il faut  l’apprendre, la pratiquer et garder chaque jour. Heureusement nous ne sommes pas seul(e)s. Nous pouvons nous soutenir mutuellement, et ce sont aussi nos ancêtres qui nous viennent au secours : dans nos traditions différentes il y a  des instructions précieuses qui aident à apprendre et garder intacte l’amour : la prière, le silence, les célébrations, la danse, la musique… C’est un devoir et une joie en même temps de transformer nos traditions en joie concrète.

 

Sur la terrasse

 

En ce moment je suis assise sur la terrasse d’une maison à Limete, entourée des palmiers, cocotiers et hibiscus. C’est beau ici où j’habite depuis quelques semaines. Aujourd’hui le ciel est nuageux. Après une période de forte chaleur on avait un de ces orages allégeants pendant la nuit. La température est très agréable maintenant. Je ne transpire pas. Quand j’ai quitté l’Europe hivernal je ne me pouvais pas imaginer que je transpirerais bientôt – ni qu’il serait possible de ne pas transpirer sous les tropiques.

C’était le fameux ethnologue Bronislaw Malinowski qui s’est moqué des chercheurs Européens qui créent des discours bien faits sur les terrasses des stations missionnaires.[14] Il avait sans doute raison. Mais moi, je ne veux pas faire une recherche scientifique sur une tribu africaine, je veux écrire une lettre. Mais est-ce que cela fait du sens d’écrire une lettre à vous, les jeunes Congolaises et Congolais, sur la terrasse d’une belle maison à Limete ? Je ne suis pas sûre. Ici au Congo et aussi en Europe on m’a souvent dit que, pour nous les Européens et Européennes en général, il est grand temps de se taire sur l’Afrique. On a sans doute des raisons respectables en demandant une telle retenue. Mais moi, je ne peux pas me taire, car  je suis écrivaine, ma vie consiste à créer des mots.

Il y a encore une autre raison que je ne me tais pas malgré des exhortations diverses. Ce sont surtout des hommes, des êtres humains de genre masculin, en Europe comme ici au Congo, qui veulent me voir en silence. J’aime beaucoup le silence, c’est un de mes exercices spirituels préférés. Mais le silence imposé aux femmes il y a des siècles ne me plaît pas du tout. C’était Paul qui, après la mort et la résurrection du Christ, a écrit aux Corinthiennes et Corinthiens:

Il n’est pas convenable pour une femme de parler dans une assemblé.

(1 Cor14 35b).

Et aujourd’hui, mille huit cent ans plus tard ? Qu’est-ce qui est devenu d’un monde habité par des hommes parlants et des femmes silencieuses ? C’est devenu un monde parfait ? Non. Allons donc, osons faire un nouveau commencement, parlons nous les femmes du monde. Prenons parti du Paul réel humain qui est, comme nous toutes et tous, encore à la recherche de la vérité, avec ce Paul qui, comme nous toutes et tous, est plein de contradictions. Dans l’épitre aux Galates il dit :

Il n’importe donc plus que l’on soit juif ou non juif, esclave ou libre, homme ou femme ; en effet vous êtes tou(te)s un(e) dans la communion avec Jésus Christ.

(Gal 3, 28)

Donc, je vous parle. Je ne me tais pas sur les expériences que j’ai faites ici à Kinshasa. J’ouvre la grille. Je  sors dans les rues de cette ville immense, ce laboratoire vivant d’un avenir humain.

 

Dans les rues de Kinshasa

 

Qu’est-ce que je vois, en dehors du blanc et bleu des uniformes scolaires ?

Je vois des femmes et des hommes balançant sur leurs têtes des charges diverses, parfois tout en haut : une pyramide des œufs. C’est carrément incroyable. – Je vois de centaines d’échoppes improvisés pleins de marchandises compilées au hasard. Il y a des avocats et des papayes délicieuses qu’on a cultivées ici, peut-être même dans un des jardins urbains le long des avenues. Mais la plupart des biens semble-t-il sont importés d’ailleurs. Pourquoi ? Le terrain énorme de la RDC serait capable de nourrir au moins toute l’Afrique subsaharienne. Pourquoi est-ce qu’on ne cultive pas plus ? – Je vois un ruisseau trouble dont les bords sont accablés de déchets. Est-ce qu’il n’y a pas de service de nettoyage dans cette ville ? – Je vois des milliers de chaises en plastic, en bleu et blanc elles aussi. J’ai déjà pris l’habitude de me mettre à mon aise sur une de ces chaises pour boire un « sucré », de causer un peu avec la jeune femme qui me sert. Elle a fini l’école secondaire, mais elle ne trouve pas d’emploi. Donc, avec sa mère et d’innombrables sœurs et cousines, elle vend des boissons et des repas faits maison. J’ai lu que soixante-dix pour cent de l’économie congolaise soit de « l’économie informelle »[15] – un de ces mots importés mal choisis, comme « le printemps » et « l’hiver » que je trouve dans les livres scolaires donnés par le gouvernement belge. – Je vois des trous profonds remplis d’eau brune ou noire après la pluie nocturne. Des taxibus rudimentaires vacillants, avec des publicités allemandes ou suisses là-dessus, les traversent sans hésitation. Moi assise au volant, je n’oserais pas. – Je vois des Mercedes puissants, des charrettes remplies de ferrailles, poussées par des hommes maigres transpirants. C’est vrai qu’on vend la ferraille en Chine où le besoin de métal est infini ? – Je vois des pneus en panne, des ateliers de couturière en container, de belles femmes en pagnes éclatants, un bébé couvert de poussière endormi sur les genoux de sa mère épuisée…

 

Les rues plates de l’Europe

 

C’était la fille d’un ambassadeur européen qui m’a dit qu’elle s’ennuie pendant les vacances chez soi, en Europe. Pourquoi ? Parce qu’il n y pas des trous dans les rues, qu’on peut traverser d’une manière amusante. Chez nous il faut fréquenter des montagnes russes aux fêtes populaires pour vivre une aventure comparable.

C’est vrai : chez moi en Suisse les rues sont toutes plates, le courant est toujours là, l’eau potable chaude et froide coule des robinets, jour et nuit, les messages d’email vont très vite. De Wattwil, le village où j’habite, il y a un train chaque demi-heure à Zurich, le centre urbain voisin. C’est le paradis ? Ou c’est ennuyant ? Il n’y a, en tout cas, peu de raison pour être en retard dans de telles conditions. Alors, on est toujours pressé ? Pas toujours, mais souvent. Les femmes et les hommes, les jeunes, les enfants déjà, fonctionnent comme les emails qu’ils échangent, les trains qu’elles prennent : vite vite vite. Et celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas prendre part au jeu de la productivité renforcée : les vieillards, les requérants d’asile, les handicapé(e)s, les nonconformistes ? Certains prennent des drogues. Ou on les cache dans ces domiciles chers et confortables. D’autres se tuent.

J’ai lu un roman formidable qui s’appelle « Eldorado ».[16] Il a pour sujet des jeunes gens africains qui prennent leurs chemins vers l’Europe, l’Eldorado rêvé. Elles et ils risquent leurs vies pour échapper à la misère des trous dans la rue, des bébés couverts de poussière, des diplômes universitaires sans valeur. Je vous comprends, vous les jeunes Congolais et Congolaises qui cherchez les rues plates à l’extérieur. Oui, je connais des jeunes Africaines chez moi en Suisse qui ont traversé le désert et la mer et sont arrivées vivantes. Elles ne vivent pas dans le luxe, mais elles mangent, elles profitent du courant qui ne part jamais. Souvent elles ont froid. L’hiver est dur chez nous, l’hiver climatique et émotionnel. Ces jeunes ne veulent quand même pas rentrer chez eux bien qu’on ne leur souhaite pas la bienvenue chez moi. On ne les veut pas chez nous dans la forteresse Europe beaucoup trop capitaliste, on les craint, on ne leur donne pas l’accueil, la chaleur, la formation dont ils auraient besoin. Quand même ils veulent rester. Je les comprends…

 

Vers un avenir multicolore à inventer

 

… et je ne les comprends pas. Car enfin l’Europe n’est pas l’avenir de l’Afrique, comme l’Afrique n’est pas l’avenir de l’Europe. Il faut trouver des chemins encore inconnus vers un avenir africain de l’Afrique et  un avenir européen de l’Europe, et c’est vous les jeunes qui avez la force d’inventer les deux. Carrément, il ne faut pas fuir cette tâche.

Il y a, bien sûr, en Europe comme en Afrique, des rêves sur l’Autre. Chez nous, en Europe, beaucoup de gens s’imaginent « l’Afrique » comme continent  de la chaleur climatique, humaine et érotique, des relations cordiales, d’une pauvreté digne, des cultures rurales stables écologiques. Tandis qu’en Afrique on s’imagine « l’Europe »  comme eldorado de prospérité, des technologies avancées, de la consommation  quasi infinie, du  progrès professionnel et économique. Bien qu’il y ait des grains de vérité dans ces imaginations, les réalités sont différentes. Et après tout, rêver d’un ciel bien éloigné, soit-il « là-haut », soit-il sur terre, n’est pas un point de départ capable de nous qualifier  pour la création d’un meilleur avenir.

L’Occident, en vérité, a depuis longtemps cessé d’être votre modèle, je le sens et vous le savez. Etant informées et honnêtes vous ne voulez pas vivre comme nous, les « mindele ». Comment voulez-vous vivre ? Voilà la question qu’il faut poser toute en franchise critique.

Les cultures traditionelles africaines, il est vrai, elles non plus ne peuvent servir comme repère solide. Posant un fort  accent sur le passé et sur des relations données – les rapports avec la nature, la famille, la communauté immédiate, « le village » – elles semblent être construites d’une manière qui freine la libre interprétation, donc l’invention de l’avenir.  Elles ont déjà été fortement mises en doute par la colonisation européenne qui a amené une loi abstraite dite « égalitaire », en fait elle aussi tout à fait patriarcale. Cette orientation prétendue « raisonnable » a été  prédominante pendant plus ou moins un siècle en Europe. Mais elle n’est pas seulement, on l’a depuis longtemps réalisé, la racine du succès occidental, mais aussi d’un malaise qu’on ne peut pas vouloir répéter ou continuer. Le concept moderne de la vie, lui aussi, était bousculé depuis plusieurs décennies: surtout par les questions écologiques – les « limites de la croissance » -, la psychanalyse, la critique du patriarcat et les pensées postmodernes et postcoloniales.

Donc, nous nous retrouvons dans une situation de multiples changements des modèles donnés. C’est ça : la fin du patriarcat.[17] Il n’est donc pas adéquat de courir vers un eldorado fragile. Il ne fait pas du sens non plus de vouloir s’imposer comme « le meilleur » ou « le plus élevé » un modèle déjà en déclin. Il faut plutôt profiter des bouleversements et des mouvements critiques et créatifs pour enfin inventer l’avenir commun encore inconnu. C’est votre créativité critique dont nous avons besoin. A partir de la plénitude de la nature, de nos mères, des cultures et traditions diverses, de nos corps, nos âmes et nos esprits il faut dialoguer comment nous voulons continuer, nous les six et demi milliards habitant(e)s de la terre. Le conflit, ce n’est pas du tout l’ennemi de l’amour, mais plutôt son ami, comme Godfrey Nzamujo le dit dans son livre merveilleux « Songhai » :

 

« L’amour n’est pas synonyme … d’angélisme ou de sourire béat devant tout ce qui existe. L’amour est exigeant et critique : il ne se nourrit pas des faux-semblants, de gentillesse apparente et de politesses mondaines. Il veut une relation vraie avec un autre qui existe en vérité. L’amour ne peut exister qu’après la mise en déroute du mensonge, du désir de faire plaisir en répondant ou en se comportant comme on croit que l’autre aime, de l’abdication de sa propre originalité au profit du mimétisme.  Il s’agit  d’aimer jusqu’à se scandaliser des impasses dans lesquelles est coincée une partie de l’humanité, d’aimer jusqu’à chercher de relever  les défis. Non pas parce qu’on est le messie ou un surhomme, mais simplement un passionné par l’aventure humaine, un(e) humain(e).»[18]

 

 

 

Chères jeunes Congolaises et Congolais,

 

Bientôt je rentrerai chez moi en Suisse. Je me réjouis d’avance d’atterrir à Zürich, d’être accueillie chaleureusement par ma fille et mon mari, ma sœur, ma mère, mes amies et amis, mes voisines et voisins chez moi en Toggenburg. J’aime ma vallée verte préalpine qui n’est pas le pays de mon origine, mais avec laquelle je me suis familiarisée pendant beaucoup d’années. Pourtant je resterai toujours un peu excentrique : comme femme dans l’ordre patriarcal, comme Allemande en Suisse, comme chercheuse en dehors de l’université, désormais comme Européenne qui a essayé de comprendre le monde du côté kinois. Nous toutes et tous sommes un peu excentriques dans ce monde mondialisé. Personne n’est plus entièrement enraciné dans une seule culture. Nous sommes toutes et tous des métis et métisses, et…

« … nous n’avons par ici de cité qui dure toujours ; nous recherchons celle qui est à venir. »

(Hebr 13, 14)

Voilà la base à partir de laquelle vous inventerez l’avenir de ce pays africain plein de richesses et de beauté à partager. Voilà la base à partir de laquelle nous entrerons en dialogue. Démarrant sur ce sol raboteux nous nous mettrons en route chaque matin de nouveau vers le pays promis. C’est le « pays beau et vaste, le pays qui regorge de lait et de miel, de foufou, de mpondu, des papayes, des pommes frites et des hamburgers, des sucrés, de vin et de chocolat » (Ex 3,8). C’est possible de lutter contre la corruption et d’autres maladies, de travailler sur  les « cinq chantiers »,[19] d’inventer le tourisme à la congolaise, d’améliorer le service public – l’eau, l’électricité, le système d’éducation etc. -, de réparer les routes, de fonder des entreprises d’agriculture, de pêche, de technologie adaptée…

Il y a des trous profonds dans notre chemin commun. Nous les traverserons courageusement, comme les taxidrivers de Matete. Car le pays promis, DIEU le sait, existe.

De tout mon cœur je vous souhaite, à chacune et chacun de vous, une vie nourrie d’amour, nourrissante avec amour notre avenir commun.

Et je me réjouis d’avance de vos réponses.

Je vous salue ! Ina.

 

 

 

 

 

 

 

 

Nzambe asali bolingo : DIEU parmi nous[20]

 

Moïse s’occupait des moutons et des chèvres de Jéthro, son beau-père, le prêtre de Madian. Un jour, après avoir conduit le troupeau au-delà du désert, il arriva à l’Horeb, la montagne de Dieu. C’est là que l’ange de Dieu lui apparut dans une flamme, au milieu d’un buisson. Moïse aperçut en effet un buisson d’où sortaient des flammes, mais sans que le buisson lui-même brûle. Il décida de faire un détour pour aller voir ce phénomène étonnant et découvrir pourquoi le buisson ne brûlait pas. Lorsque Dieu le vit faire ce détour, il l’appela du milieu du buisson : « Moïse, Moïse ! » – « Oui ? » répondit-il. « Ne t’approches pas de ce buisson, dit Dieu. Enlève tes sandales, car tu te trouves dans un endroit consacré. Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. »

Moïse se couvrit le visage, parce qu’il avait peur de regarder Dieu. Dieu reprit : « J’ai vu comment on maltraite mon peuple en Egypte ; j’ai entendu les Israélites crier sous les coups de leurs oppresseurs. Oui, je connais leurs souffrances. Je suis donc venu pour les délivrer du pouvoir des Egyptiens, et pour les conduire d’Egypte vers un pays beau et vaste, vers un pays qui regorge de lait et de miel, le pays où habitent les Cananéens, les Hittites, les Amorites, les Perizites, les Hivites et les Jébusites. Puisque les cris des Israélites sont montés jusqu’à moi et que j’ai même vu de quelle manière les Egyptiens les oppriment, je t’envoie maintenant vers le Pharaon. Va, et fais sortir d’Egypte Israël, mon peuple.

Moïse répondit à Dieu : « Moi ? je ne peux pas aller trouver le Pharaon et faire sortir les Israélites d’Egypte ! » – « JE SERAI AVEC TOI, reprit Dieu. Et pour te prouver que c’est bien moi qui t’envoie, je te donne ce signe : Quand tu auras fait sortir les Israélites d’Egypte, tous ensemble vous me rendrez un culte sur cette montagne-ci. » – « Bien ! dit Moïse. Je vais donc aller trouver les Israélites et leur dire : ‘Le Dieu de vos ancêtres m’envoie vers vous’. Mais ils me demanderont ton nom. Que leur répondrai-je ? » Dieu déclara à Moïse : « JE SUIS QUI JE SUIS. Voici donc ce que tu diras aux Israélites : ‘JE SUIS m’a envoyé vers vous.’ »

(Ex 3, 1-14)

 

« Je serai avec toi. » Est-ce qu’il y a dans ce monde une phrase plus belle ?

Cette phrase ne veut pas dire : « Je m’impose à toi. Désormais je serai toujours assis à ton côté. J’observerai  tout ce que tu feras. Je te ne laisserai plus en paix… »

Non. « Je serai avec toi », cela veut dire autre chose : « Si tu auras besoin de moi, je serai là. Tu pourras toujours compter sur moi. Il ne faut quand même pas toujours rester ensemble. Mais si tu as besoin d’aide tu pourras m’appeler à toute heure. »

« Je serai avec toi » – c’est ce qu’une bonne mère dit à ses enfants.

 

Les traductrices et les traducteurs de la bible ne sont pas tombées d’accord jusqu’ici comment il faut traduire les brèves phrases hébraïques avec lesquelles DIEU se présente à Moïse dans cette situation d’angoisse et d’incertitude. Dans l’original hébreu DIEU a dit à Moïse quelque chose comme ça : « ehje aschar ehje. » – Mais cela veut dire quoi, exactement ? « Je suis qui je suis » ? « Je serai qui je serai » ?  Ou simplement « Je suis » ? – « Je serai toujours avec toi » ? « Je suis et je serai là pour toi, pour vous, pour mon peuple» ? « Je suis parce que j’étais et je serai » ?

Ce n’est pas du tout facile de traduire des textes de l’ancien hébreu en français ou dans une autre langue moderne. Même si l’on pense d’avoir trouvé la solution, le nom du Dieu biblique, JHWH, au fond, reste un mystère. Les juifs et les juives savent bien pourquoi c’est interdit, chez eux, de prononcer le nom de DIEU. Cependant nous, les êtres humains, avons besoin d’images pour cette réalité ultime qui, au sens propre, ne peut pas être prononcée. Nous ne pouvons pas éviter d’en parler, et en parlant nous créons sans cesse des images. Moi, pour toutefois ne pas trop encadrer DIEU dans mon imagination, j’ai pris l’habitude de toujours lire plusieurs traductions en même temps. Du premier coup d’oeil  cette méthode semble créer de la confusion. Mais selon mon expérience cette confusion initiale se transforme souvent dans un sentiment plus clair de ce que le texte me veut dire :

 

DIEU, donc, se présente à Moïse dans une flamme. Quoi que soit la traduction en détail, le message substantiel c’est que DIEU  rassure l’homme de sa présence sûre et solide : « J’étais déjà avec tes ancêtres, tu peux en tout cas compter sur moi. » Ce message n’est que trop nécessaire, car c’est une mission délicate que Moïse est en train de recevoir : il va délivrer le peuple d’Israël de l’oppression en Egypte. Il va le conduire vers le pays promis. C’est absolument nécessaire, dans cette situation, de recevoir cette promesse divine maternelle: « Je ne te quitterai jamais. »

 

Le récit du buisson ardent avec ce message essentiel  ne se trouve pas tout à fait au début de la bible, mais quand même dans sa première partie. Une histoire mouvementée s’est déjà passée entre DIEU et son peuple : D’abord JHWH a créé le monde, a chassé les deux humains du paradis. Puis DIEU a envoyé le déluge et s’est après tourné vers ses créatures, les hommes et les femmes. ELLE a choisi Abraham et Sara comme ancêtres de son peuple. A cause d’une famine leurs descendants et descendantes devaient émigrer en Egypte où les pharaons ont bientôt commencé à les supprimer. Et juste dans cette situation de détresse L’ETERNEL , compagnon déjà éprouvé, dit au libérateur choisi : « Je suis, je serai avec vous, comme j’étais déjà avec vos ancêtres. »

 

Ecoutons maintenant un autre texte qui se trouve presque à la fin de l’Ecriture Sainte :

 

Mes chers amis, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de DIEU. Quiconque aime est enfant de DIEU et connaît DIEU. Celui qui n’aime pas ne connaît pas DIEU, car DIEU est amour. Voici comment DIEU a manifesté son amour pour nous : il a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous ayons la vraie vie par lui. Et l’amour consiste en ceci : ce n’est pas nous qui avons aimé DIEU, mais c’est lui qui nous a aimés ; il a envoyé son Fils qui s’est offert en sacrifice pour le pardon de nos péchés. Mes chers amis, si c’est ainsi que DIEU nous a aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns et les autres. Personne n’a jamais vu DIEU. Or, si nous nous aimons les uns les autres, DIEU demeure en nous et son amour se manifeste parfaitement en nous.

Voici comment nous savons que nous demeurons unis à DIEU et qu’il est présent en nous : il nous a donné son Esprit. Et nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde. Si quelqu’un reconnaît que Jésus est le Fils de DIEU, DIEU demeure en lui et il demeure uni à DIEU. Et nous, nous savons et nous croyons que DIEU nous aime. DIEU est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure uni à DIEU et DIEU demeure en lui.

(1 Jean 4, 7-16)

 

Voilà un hymne, un chant enthousiaste, dans lequel une phrase aussi profonde que simple se répète deux fois : « DIEU est AMOUR. »

Quelle abondance : Dix-sept fois nous lisons les mots « amour » ou « aimer », en grec : « agape ». La personne qui a composé cet hymne semble être tout à fait convaincu : DIEU est là pour nous comme une réalité précise : comme AMOUR.

Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

 

N’est-ce pas un peu pénible ? – Au moins chez nous, en Europe, c’est la littérature en bas étage où l’on trouve ce mot. L’amour, c’est un peu usé, une camelote. Bien que tout le monde en désire, on n’en parle pas trop. Nous sommes devenues sceptiques, ironiques : l’amour, ça existe après tout ? Ce n’est pas que la romantique naïve ? – Parce que le mot semble être usé, on le garde pour les moments tout particuliers de la vie : le jour des noces, une promenade à pleine lune… Mais peut-être que ces moments spéciaux n’arrivent jamais ? Ou qu’ils passent inaperçus, et j’oublie de dire le mot au juste moment ?

C’était un véritable coup quand McDonald, l’entreprise « Fast Food » le plus connu du monde, a lancé le slogan « Ich liebe es » (« Je l’aime ») chez nous en Suisse. C’est quoi que McDonald nous veut faire aimer ? Ce sont les pommes frites et les hamburgers. – Bien que ça fait mal à l’être moral que je suis, cette attaque surprise peut-être une chance : il y a quand même des gens qui recommencent à parler de l’amour, d’une manière  insolente et inattendue. Autrefois les grands mots décisifs se seraient peut-être entièrement perdus à cette époque de « coolness » ?

« J’aime les pommes frites » – ça veut dire quoi ? Cela veut dire : « Je suis enthousiaste. J’en ai très envie. Je marcherais loin pour obtenir des frites. Et si je les aurai reçus, je serai heureuse, vraiment heureuse. » – Mais c’est justement cela que Jean dit de DIEU : Au milieu de nos vies parfois ennuyantes, parfois misérables un message incroyable se manifeste : « Moi, DIEU, je suis enthousiaste de vous les êtres humains. J’ai envie d’être avec vous. Vous, chacun et chacune à sa manière, me rendez heureuse. »

 

Oh, mais c’est un peu trop !

Je ne veux pas être mise tellement au centre, car je suis timide et  je ne veux pas être égoïste. Non, je préfère ce Dieu plus distancé du début de la bible qui ne dit que « Je suis avec toi ». – Mais halte ! Déjà le buisson était en flammes. Dès le début L’AMOUR qui est DIEU brûle comme un feu. Comme le berger Moïse nous reculons. Moïse, lui aussi, avait peur d’un Dieu qui attendait de lui de grandes actions. DIEU qui s’avance vers nous d’une manière intéressée, enthousiaste, amoureuse, irrésistible, n’est-ce pas effrayant ? Donc, j’ai spontanément envie de me retirer dans la normalité de tous les jours : la normalité du pauvre berger impuissant, la normalité de la tradition, de la résignation ordinaire de « ce qu’on fait d’habitude ». – L’AMOUR, par contre, me rend grande et capable de grandes actions courageuses. La grandeur, c’est une provocation. Comme Marianne Williamson l’a une fois dit dans ce beau poème, qui est souvent – et pas sans raison – attribué à Nelson Mandela :

 

Notre peur la plus profonde

N’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.

Notre peur la plus profonde

Est que nous soyons puissantes au-delà de toute limite.

C’est notre propre lumière

Et non pas notre obscurité qui nous effraye le plus.

Nous nous posons la question :

« Qui suis-je, moi, pour être brillante, talentueuse et merveilleuse ? »

En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être?

Vous êtes un enfant de Dieu.

Vous restreindre et vivre petit ne rends pas service au monde,

L’illumination n’est pas de vous rétrécir

Pour éviter d’insécuriser les autres.

Nous sommes nées pour rende manifeste la gloire de Dieu qui est en nous,

Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus :

Elle est en chacune de nous,

Et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière,

Nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire le même.

En nous libérant de notre propre peur,

Notre présence libère automatiquement les autres.[21]

 

Moïse a choisi de se confier à DIEU L’AMOUR. Il a abandonné l’angoisse et la médiocrité et s’est mis en route, une route très concrète : il a osé confronter le pharaon comme DIEU l’avait demandé. Il a conduit son peuple de la misère vers le pays promis. Ensembles, ils et elles ont traversé la mer et le désert. Moïse est mort juste avant l’entrée au pays promis, après avoir transféré sa mission à un autre. C’est une vie entièrement accomplie, une vie puissante, une vie qui a changé le monde. Elle est devenue possible avec DIEU L’AMOUR.

 

Et nous, les femmes et les hommes croyant(e)s ? Est-ce que nous nous laissons aussi évoquer hors de notre normalité, cette normalité parfois confortable, parfois épuisante? Sommes-nous prêtes à accueillir DIEU AMOUR dans nos vies ? C’est où, notre grandeur ? De quelle façon  chacune et chacun de nous pouvons rendre service au monde ? A ce monde qui est plein de richesse et de beauté à partager, qui pourrait être un paradis pour toutes et tous les six-et-demi milliards de femmes et d’hommes qui l’habitent ? C’est où la contribution des femmes congolaises, des femmes européennes ?

 

C’est où, ta contribution absolument unique pour un meilleur avenir du monde ?

C’est DIEU AMOUR PARMI NOUS qui te pose cette question.

 

Amen

 

 

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[1]              Dragica Rajcic 1992 et 1996

[2]              Ina Praetorius 2005.

[3]              Version remaniée d’une introduction dans mon livre « Handeln aus der Fülle » (Ina Praetorius 2005) faite le  4 et le 19 avril 2008 dans la cour du Centre d’Enseignement « Mboloko-Les Gazelles » à Yolo-Nord.

[4]              Cf. Hannah Arendt (1958) 1981, chapitre “Das Handeln”.

[5]              Cf. Ina Praetorius (ed.) 2005.

[6]              Ina Praetorius 1994.

[7]              Luce Irigaray 1984.

[8]              Inter-esse lat.=être entre les deux.

[9]              Ina Praetorius (ed.) 2005 .

[10]            Ina Praetorius 1995, 2000 , 2003.

[11]            Ina Praetorius 2005.

[12]            Cf. Ina Praetorius, Nzambe azali bolingo, dans ce livre.

[13]            Carter Heyward 1982.

[14]            Nigel Barley 2004, 159.

[15]            Bartholomäus Grill 2003, 67f.

[16]                   [16][16] Laurent Gaudé 2006.

[17]            Ina Praetorius 2000.

[18]            Godfrey Nzamujo 2006, 28.

[19]            Joseph Kabila 2007.

[20]            Prédication sur Ex 3,1-14, et 1 Jean 4, 7-18, faite vendredi 25 avril 2008 à Lemba, à l’occasion d’une journée de prières des femmes presbytériennes.

[21]            Traduit de: Marianne Williamson 1992, (Traducteur/traductrice inconnu/e).